Jean Cocteau

Jean Cocteau est né le 5 juillet 1889 à Maisons-Laffitte, dans une famille de grande bourgeoisie parisienne. Artiste aux nombreux talents, il a marqué la France par son existence et son génie protéiforme.

Dès 1909, alors seulement âgé de 20 ans, il publie des poèmes et des textes qui le font devenir une figure prisée à Paris. Curieux de tout, Cocteau s’intéresse à de multiples arts et disciplines : la poésie futuriste, le dadaïsme, le cubisme, le roman poétique (Les Enfants terribles, 1929), le théâtre (La Machine infernale, 1934) ou encore le cinéma (La Belle et la Bête, 1945). À cela s’ajoutent ses immenses qualités de dessinateur et peintre (son œuvre picturale est colossale, et l'on peut aussi admirer sa décoration des chapelles de Villefranche-sur-Mer et Milly-la-Forêt). Le 3 mars 1955, il est élu à l’Académie française. Il décède onze années plus tard laissant cette épitaphe "manuscrite" sur son tombeau : Je reste avec vous ! *

  • Orphée

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La genèse

Jean Cocteau, de son nom complet Clément Eugène Jean Maurice Cocteau, est né en juillet 1889 à Maisons-Laffitte au sein d’une grande famille bourgeoise parisienne.

Le père de Jean Cocteau, Georges Cocteau, se donne la mort le 5 avril 1898 dans son lit. Jean Cocteau n’a alors que neuf ans, il gardera ce traumatisme toute sa vie, ainsi qu’en témoignent certaines de ses œuvres, comme son film Le sang d’un poète. Ce film, diffusé en 1930, décrit les souffrances du poète ainsi que les difficultés de la création. On y retrouve le thème de la mort, notamment lorsque le poète se suicide sous les applaudissements des invités.

Cocteau s’est présenté sa vie durant comme un poète, associant cette vocation artistique à la mort, et au monde invisible. Cette thématique est également abordée dans des œuvres comme Orphée, Le Testament d’Orphée ou encore Le poète et sa mort.

Il découvre le théâtre et le cinéma à l’âge de six ans ; à quinze ans, il quitte le cocon familial pour étudier au lycée Condorcet, d’où il est renvoyé pour indiscipline en 1904. Il échoue au baccalauréat à deux reprises.

Les débuts de l'écrivain

En 1908, Édouard de Max organise un récital pour les poèmes de Jean Cocteau au théâtre Femina. En 1909, le jeune homme publie à compte d’auteur un recueil de poésie intitulé La lampe d’Aladin, inspiré des Mille et une nuits. Il a alors vingt ans. Grâce à ce recueil, Jean Cocteau entre dans les cercles artistiques et intellectuels parisiens bohèmes de l’époque, sous le surnom de « Prince Frivole » tant une légèreté d’apparat semble le caractériser. C’est à cette époque qu’il se passionne pour les ballets russes, et qu’il se met à reconsidérer ses anciens poèmes : les jugeant ampoulés, il s’oriente résolument vers une avant-garde cubiste et futuriste.

Jean Cocteau et Raymond Radiguet

En 1917, Cocteau produit un ballet dont les costumes et décors sont réalisés par Pablo Picasso. C’est en novembre 1918 que Max Jacob, écrivain et peintre, présente Jean Cocteau à Raymond Radiguet. Cocteau est immédiatement intrigué et devine chez Radiguet un immense et précoce talent. « À quoi ? Je me le demande » écrira-t-il plus tard dans La difficulté d’être. Au cours des nombreux voyages qu’ont entrepris Radiguet et Cocteau se noue une relation intense entre les deux hommes. Très admiratif des talents littéraires indéniables de Radiguet, Jean Cocteau l’aide à rencontrer Bernard Grasset, afin de faire publier Le Diable au corps, le premier roman de l’adolescent. La disparition de Raymond Radiguet frappe Cocteau d’un immense chagrin : « orphelin » de son ami, qu’il considérait comme un maître en dépit de son jeune âge, Cocteau sombre dans la dépression, se pense désormais incapable d’écrire, et créée toutefois une de ses œuvres les plus belles et poignantes – rééditée par les éditions des Saints Pères en 2017 : Le Mystère de Jean l’oiseleur

Isolé dans une chambre d’hôtel de la côte d’Azur, à Villefranche-sur-Mer, Jean Cocteau se met à se dessiner dans un miroir, sans relâche. Il contemple ce qu’il est à la lumière de la solitude et du chagrin. Entre envolée lyrique et opium, il esquisse trente et un portraits, mais aussi des réflexions sur l’art, la beauté, la drogue et la vie.

Le Bel indifférent pour Édith Piaf

En 1940, il écrit une pièce pour Édith Piaf qui rencontre un immense succès. Le Bel Indifférent est une pièce en un acte, sous forme de monologue, qui s’est jouée au théâtre des Bouffes-Parisiens. Jean Cocteau se serait inspiré de la relation entre Paul Meurisse et la Môme. Le texte a fait l’objet de plusieurs adaptations, dont celle de Jacques Demy (court-métrage, 1957) ou encore celle de Jean Marais (1975).

La Belle et la Bête: Un prince maudit

La Belle et la Bête est un film de Jean Cocteau paru en 1946 avec Jean Marais dans le rôle de la Bête. Au sortir de la guerre, Jean Cocteau souhaite insuffler un peu de magie dans le cœur du public français éprouvé par les années qui viennent de s’écouler, et remettre un peu de féérie dans le paysage cinématographique. Il décide ainsi d’adapter l’un des célèbres contes de Jeanne-Marie Leprince de Beaumont (1756) qui le fascine depuis toujours. Ou l’histoire de Belle, jeune femme tourmentée par ses sœurs, qui demande à son père d’aller lui cueillir une fleur. Le père s’égare sur le chemin du retour, faisant ainsi la rencontre de la Bête, monstre à tête de lion et au corps singulier. La Bête, enragée de l’affront du père, demande à celui-ci une compensation : le sacrifice de lui ou d’une de ses filles. La Belle le rejoint dans son château enchanté. Le scénario, avec dessins, ainsi qu’une note manuscrite rendant hommage à l’équipe du film, ont été publiés par les éditions des Saints Pères en 2013.

Cocteau écrit dans La difficulté d’être « Quels sont mes vrais héros ? Des sentiments. Des figures abstraites qui n’en vivent pas moins et dont les exigences sont extrêmes ». La Bête est l’un de ces sentiments, une de ces figures abstraites. Elle représente la rédemption par l’amour. Jean Marais est sans doute la Bête la plus inoubliable de l’histoire du cinéma.

La Voix humaine: Un grand chagrin d'amour

La Voix humaine est une pièce sous forme de monologue, donnée à la Comédie française pour sa première. Elle fait vivre au spectateur les derniers instants d’une femme, amante déçue qui, terrassée par la souffrance de l’abandon, se donne la mort. Berthe Bovy incarna ce texte pour la toute première fois en 1930. Cette femme exprime son désespoir sans laisser supposer, du moins pas avant la moitié de la pièce, que ce désespoir la mènera au suicide. Elle veut « dormir sans rêve » ; clamant avoir avalé la veille douze comprimés de somnifères. Le personnage est intemporel, il est la représentation du désespoir qu’engendre la détresse amoureuse. L’héroïne s’enfonce dans les affres de son drame intérieur au fil de la pièce. 

Pour Cocteau, le dessin est une autre manière d’écrire. Toutefois, il apprécie tant le talent singulier du jeune peintre Bernard Buffet qu’il décide de lui faire confiance, et lui demande de le graver et de l’illustrer plutôt que de le faire lui-même. Une manière, peut-être, de prendre également un peu de distance relativement à des thèmes qui lui sont trop sensibles ? 

Orphée: De la poésie aux enfers

Orphée est une pièce de théâtre en un acte et un intervalle dont la première s’est jouée au théâtre des arts à Paris le 17 juin 1926, parmi des décors réalisés Jean Victor Hugo et avec des robes signées Gabrielle Chanel. Jean Cocteau a écrit cette pièce à la fin de l’été 1925, à Villefranche-sur-Mer.

Orphée, poète dont l’inspiration s’est tarie, a pour épouse Eurydice. L’homme n’accorde de l’importance qu’aux paroles émises par les sabots de son cheval. Eurydice est empoisonnée par les Bacchantes dont elle a jadis fait partie. Sur le conseil de l’Ange Heurtebise, Orphée passe un pacte avec Hadès : il peut aller chercher Eurydice dans le Royaume des Enfers, à la condition qu’il ne se retourne pas. Orphée ne tient pas le pacte : Eurydice meurt une seconde fois, et Orphée est quant à lui décapité par les Bacchantes.

Jean Cocteau, qui aimait « retendre la peau des mythes », reprend Orphée, héros de la mythologie grecque, fils du roi de Thrace et de la muse Calliope. Plus que l’amour qu’Orphée porte à Eurydice, ce qui meut Cocteau est le voyage dans les enfers, symbole de la tragédie des destins. Dans cette pièce, Cocteau fait part de sa vision de la vie ainsi que de ses souffrances. Cocteau offre donc une variation onirique du mythe, d’une descente aux enfers et de la reconquête d’un amour perdu.

« Son cœur a flanché »

Jean Cocteau meurt à l’âge de soixante-quatorze ans d’une crise cardiaque, quelques heures seulement après avoir appris le décès de son amie Édith Piaf, dans sa demeure de Milly-La-Forêt. Jean Marais dira lors d’un entretien télévisé le 12 octobre 1963 : « Il est mort d’un œdème du poumon, son cœur a flanché. Il aimait beaucoup Édith mais je ne pense pas que ce soit la mort d’Édith qui ait provoqué la mort de Jean ».

Jean Cocteau, élu Commandeur de la Légion d’honneur en 1955, laisse derrière lui une œuvre inoubliable et intemporelle, composée de poèmes, de dessins, de films et de pièces, de textes divers. Poète à l’imaginaire débordant, il est considéré comme l’un des plus grands artistes français.

 

 

 

 

 

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